Arts et sculpture

La sculpture relève d’un acte personnel, unique, un geste, une contemplation.
Elle trouve dans une pierre unique son support et sa destination.
Dès lors que l’acte est atteint puisque peu adapté à la frénésie moderne, comment peut- il progresser ?

Ce n’est pas l’intelligence artificielle qui menace la sculpture.

«Le travail constant est la loi de l’art comme celle de la vie ; car l’art, c’est la création idéalisée» Balzac

L'acte artistique

Il faut le savoir : lorsque nous disons : « L’art est dans l’air, l’amour est dans l’art », nous le disons devant des œuvres d’art anciennes !

L’acte artistique est- il mis à mal ?

La pierre, la matière unique

La pierre, support de la sculpture, a la particularité d’être unique.
Cette unicité lui donne une valeur.

La pierre est en quantité limitée, quantité finie. Les pierres que je travaille ont 25 millions d’années.

L’acte, s’exerçant sur la matière est donc un acte unique, exceptionnel, qui ne se reproduit pas : Dans l’acte de sculpter, pas de « copier- coller », pas d’annulation de l’acte, pas de retour.

La sculpture est donc acte artistique. Le geste est l’acte. L’acte est LE geste.

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La multiplicité n’intéresse pas la sculpture

Dès lors, ce geste trouve son efficacité lorsque se manifeste :

  • un retour du public
  • un intérêt plastique
  • la vente…

Quelle peut être le geste artistique sculptural lorsque celui- ci ne s’insère pas dans un contexte porteur ?
Ce geste semble isolé, marginal.
Il reste admiré, peut être pour son aspect traditionnel, ancien :
Un grand centre vient de s’ouvrir sur le thème de l’antiquité romaine, mais dans toutes ses activités et la richesse de l’histoire exposée, où est la sculpture, où est la « taille de pierre » ?

De même, dans une ville classée, aux multiples monuments historiques, construite de pierres taillées, pleines d’œuvres d’art ou de sculptures, le public abonde.
Mais ce public déserte les ateliers de sculpture sur pierre. Le marché de la pierre taillée est en décroissance ; « qu’est- ce que la pierre naturelle au fait ? »

Toutefois le marché du multiple ne peut atteindre l’acte

Le marché, fluctuant de toute façon, ne peut atteindre l’acte. En effet celui- ci est indépendant du marché.
Mais est- il légitime de vouloir un acte sculpturant porteur, rémunérateur ?
Puisque le marché réclame la multiplicité, et que les œuvres reproduites atteignent de hautes valeurs marchandes, comment la sculpture unique peut- elle attirer le spéculateur ?

L’acte artistique n’a t- il pas toujours été ce qu’il est ? un acte contemplatif ? il serait donc indépendant de la frénésie actuelle.

La frénésie, les retombées, mais où est passée la poésie ?

Il faut citer ici dans cet article sur « l’acte artistique », Picasso en 1945

“L’art moderne s’achemine vers son déclin, parce qu’il n’existe plus d’art académique fort. Il faut une règle, même si elle est mauvaise, parce que la puissance de l’art s’affirme dans la rupture des tabous. Supprimer les obstacles ce n’est pas la liberté …” Picasso, dans “vivre avec Picasso” F.Gilot 1964

Alors que la frénésie atteint les arts, comme par exemple le cinéma, où ce n’est plus la violence elle même qui est au centre du sujet mais le baroque de la transgression, de l’exaspération, la sculpture quand à elle comment exprime t- elle cette déviance ?

La crise tridimensionnelle atteint la sculpture et les arts

La sculpture est tridimensionnelle par nature. Dès lors que l’objet se présente sur un écran, une image virtuelle plate, celui- ci est dénaturé, « faussé en exactitude ».
Le geste sculptural est comme les autres, blessé par les propagandes contemporaines de toutes sortes.
Pourtant l’art est bien un critère de progrès, d’avancée sociale, politique. Si l’art s’éteint, quel peuvent être les valeurs du même type qui marqueraient le progrès ?

L’art et le commercial

La peinture comme la sculpture a besoin d’outils. Dans le commerce courant il n’est pas adapté à la Création : L’outil est vendu non pas comme un service rendu à l’art, mais comme un produit commercial type, cherchant le sur- achat, la surconsommation.
De fait l’outil de taille, le support, la toile, la pierre accessible dans le commerce « ordinaire », deviennent difficiles à utiliser. Ils ne sont plus des « services », ils deviennent ingrats, s’opposent à l’acte sérieux.

Ce qu'il faut retenir de cet article

“L’art moderne s’achemine vers son déclin, parce qu’il n’existe plus d’art académique fort. Il faut une règle, même si elle est mauvaise, parce que la puissance de l’art s’affirme dans la rupture des tabous. Supprimer les obstacles ce n’est pas la liberté …” Picasso

Martin Damay

Martin Damay est sculpteur professionnel. La pierre est la matière dominante de ses statues. Tailleur de cette pierre il s'est formé auprès de nombreux maîtres à partir de 1986. Le figuratif est devenu sa spécialité pour la sculpture de toute taille.