Le visage tient une large part dans mes sculptures, à tel point que j’en viens à me demander s’il n’est pas l’essentiel ?
Je présente ici quelques- uns de ces visages sculptés.
La statue est en pierre véritable, le visage en est le point dominant, le « plus haut point ».
Le visage en sculpture est un chemin
« La sculpture, c’est de l’architecture » (Aristide Maillol)
L’acte de sculpter le visage d’une statue possède un début et une fin :
- Le début est la pierre « vide et vague ». Elle ne contient rien du visage, et aucune prédestination n’est en elle.
- La fin est le visage trouvé, le visage apparu, cette forme qui contiendra la digne caractéristique plastique de la vie.
Le début contient un appel : la pierre contient ce qu’elle peut devenir. Je conçois grâce à la matière :
- homme
- ou femme
Comment sculpter un visage ?
En sculpture le visage nécessite construction
Le visage comme la statue, est construit. La quête passe par la technique.
La sculpture grecque le démontre :
- un tracé
- une préparation
- une construction.
La symétrie en est une de ses caractéristiques, « c’est un ordre », une ordonnance.
Le dessin préalable de la tête est nécessaire.
Extérieur et intérieur de la sculpture
Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ?
Cette phrase tirée de l’évangile de saint Luc (11,40), s’applique admirablement à la sculpture :
Toute sculpture reflète son intérieur.
N’est- ce pas là le critère ?
Le véritable sculpteur est celui qui ose faire l’intérieur.
Faire l’intérieur nécessite une audace. Habiter est une audace ; l’habitation est une audace.
La sculpture reflète son intérieur.
Chemin de la création d'une tête et d'un visage
La forme en train d’être sculptée apparaît sous le geste.
Le geste lui- même n’a pas pour but d’imiter la nature existante, du moins pas tout à fait :
- la forme emprunte à la « possibilité d’être ».
Je ne sculpte pas un « symbole de forme », un symbole de pieds, un symbole de main, ou un symbole de ventre !
je sculpte la forme elle- même, tendante vers le vivant.
L’audace est de tendre vers le vivant, pour que la forme devienne elle même vie, qu’elle devienne volume de la digne caractéristique de la vie.
Comme si la forme était moi- même. Je l’incarne. L’habitation est une façon d’exprimer le moyen. L’acteur joue un rôle ; il en est de même pour la sculpture, l’essence en est la même.
Dans le premier geste est déjà contenue la sculpture
Consultez aussi
Dans mon premier geste est contenue la sculpture :
- le caractère
- la personne
Qu’il soit clair, distinct, vaporeux, le concept continué dans le geste contient le genre :
– homme ou femme, sans équivoque.
Le premier geste contient la physionomie de la personne représentée.
La vie dont la sculpture a besoin
La vie d’une sculpture est caractéristique de ses potentialités :
- la matière reste matière mais elle disparaît pour laisser place au sujet. « La vie, ce n’est pas le mouvement » disait Rodin, « c’est le modelé ».
En effet Rodin, qui aimait le modelage (de l’argile), connaissait cette vie particulière qui apparaît à un certain stade de l’évolution du travail.
Cette vie, dont la définition est particulière à la sculpture, est une flamme qui ne se consume pas !
Ce qu'il faut retenir
Le visage comme la statue, est construit.
La quête pour y advenir passe par la technique. La tête grecque montre un tracé, une préparation, une construction. La symétrie est une de ses caractéristiques ; La vie comme la sculpture du visage nécessite un ordre.
Puis, la vie apparue, est une flamme qui ne se consume pas.