La matière est le lieu de ma pensée et elle trouve en elle son objet.
De cette matière qui est essentiellement la pierre, va s’extraire la sculpture, la statue.
« La tension vient de l’idée que je poursuis, et du tableau qui se défend. Cette tension donne vie au tableau. Si le tableau s’accomplissait sans résistance, il serait sans portée » (Georges Braque)
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De la matière naît l'œuvre
Ce qui est tension dans la peinture selon Georges Braque peut être dit de la sculpture puisque la matière crée une tension et une résistance de laquelle naît l’œuvre.
La fusion de l'acte et la matière
L’acte de sculpter trouve une naissance dans une matière.
Ceci se fait ressentir particulièrement dans :
La pierre. Résistante, «effrontée» devant le burin, va affirmer ses propres caractéristiques :
- sa structure
- sa dureté
- sa résistance à l’outil selon les déterminations et nomenclatures bien précises.
La statue pourrait ne jamais jaillir de la masse !
Comment la sculpture va t-elle devant une matière « opposante », affirmer elle même :
- ses lois
- son vocabulaire
- sa plastique et son propre esprit ?
Etre elle même, c’est à dire l’œuvre qui doit être et exister, devant ce défi que lui lance la matière ?
Le burin et la technique semblent bien faibles en eux mêmes pour affronter un tel projet !
Même les machines les plus sophistiquées sont incapables en elles mêmes de produire une seule sculpture !
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« Il est vrai que la forme souvent s’accorde peu à l’intention de l’art, parce que la matière est sourde à lui répondre » (Dante, La divine Comédie, le Paradis, chant 1)
L'avant de l'acte de sculpter
Par expérience je dis que la naissance de l’œuvre est précédente. Elle naît dans un
- concept cordial
- projet
- ambition
Elle naît dans une pré- image volontaire ou non.
Elle naît dans une « image- concept ».
Elle naît enfin dans un nom qui lui est attribué.
Elle est « déjà là » car la matière est vaincue.
La matière est vaincue d’avance, avant la sculpture palpable ou visible à l’œil.
La matière est au service de l'idée de la sculpture
Que fait la matière sinon de tenir :
- un rôle de participation à la pérennité de l’œuvre
- un rôle de matérialisation de l’idée
Ce rôle second est important.
Il n'y a pas un destin à priori de la matière
La sculpture ne se trouve donc pas préalablement dans la matière, mais elle est un concept précédent qui tient compte de :
- la technique de sculpture connue
- des dimensions de l’œuvre voulue
- de la couleur dominante
- de l’aspect extérieur voulu
Le concept en impose à la matière
La figure est canon, canon de dimensions assumé. Elle est
- calcul
- réflexion
- conception.
La matière, elle, peut être achetée.
L’œuvre à faire apparaître ne viendra pas de la dépense physique du gestuel qui certes est nécessaire pour aboutir.
La matière est incapable en elle même de fournir une quelconque forme, ligne, harmonie, esprit.
Ainsi toute sculpture née dans un concept, volontaire, cordial.
Il est certain, suffisant, mais pas encore partagé puisque pas encore né au monde.
Ainsi se passe la genèse d’une œuvre.
«Si je pouvais concevoir un tableau même mentalement, ce ne serait pas la peine de l’exécuter» Georges Braque
Aujourd'hui nous ne comprenons pas l'acte sculptant d'un Michel- Ange
Nous imaginons une « fougue créatrice », libérée, qui s’émancipe dans sa statue de marbre, comme indépendamment de toute la caractéristique de la matière. Nous ne comprenons pas la « fougue ».
Nous oublions qu’une statue de Michel- Ange, statue de David ou celle d’un esclave, est d’abord
- préparation
- dessin
- architecture
Les grands sculpteurs de pierre ne travaillent pas en « sculpture directe«
« J’ai vu un ange dans le marbre et j’ai ciselé jusqu’à l’en liberer » !
La sculpture est un acte unique dans une matière qui a un coût
Ainsi se passe la création d’une sculpture. Il ne m’est pas permis de rater, d’échouer, par respect pour la matière, pour son coût.
C’est avec cette notion de respect que j’ai progressé et venu à des convictions techniques, regard plus objectif sur la discipline, c’est à dire la sculpture figurative et complémentairement la peinture.
J’en suis venu à me faire une opinion de l’intérieur, en connaissant les difficultés et les enjeux, les risques, les défis du geste, et quel doit en être
- le tracé
- le chemin
- les pistes à suivre et celles à redouter.
Par ces découvertes, je peux avoir un regard plus objectif sur la sculpture contemporaine, de la figuration en peinture, des autres techniques de peinture et de sculpture.
Je connais le rapport à la matière,
- puissant
– redoutable
– exigeant, et la virilité que le travail de cette matière requiert.
La création ne se passe pas du masculin- féminin
L’art ne pouvant se passer de la vie, il est difficile de l’imaginer sans une participation du masculin et du féminin, (ou homme- femme).
La matière est le lieu particulier où se joue l’affirmation du concept qui veut se faire « partage ».
Ainsi se passe la création d’une sculpture : Il n’est pas permis de rater l’œuvre, par respect pour la matière et pour son coût.