Il faut réapprendre à dépasser la force du sujet développé dans une sculpture pour apprécier dans un jugement vrai la véritable beauté qui en ressort.
Qu’est ce que la beauté et comment la définir ?
Sculpture pérenne et beauté durable
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ToggleAujourd’hui, le réseau social que je consulte décrète ce qu’est la beauté ; ce procédé d’opinion par le « like » est funeste pour la sculpture et l’art.
La sculpture comme la beauté ont leurs fondements
De toutes mes années de pratique, il semble que la sculpture rejoint la beauté lorsqu’il y a maitrise sur la matière.
La laideur vient, à l’inverse, d’une faiblesse de l’acte sculptant.
La beauté de la sculpture n’est pas dans le mythe « Pygmalion et Galatée ».
Si la laideur se trouve dans la déshumanisation exhibée sur un tableau ou une statue, approfondissons la lecture de l’œuvre.
La beauté n’est pas synonyme de limite, et le concept de beauté est nécessaire à toute avancée et progrès, c’est à dire pour la création et l’invention.
Mais dans la sculpture se trouve un drame : le sujet limité dans son mouvement.
La sculpture est écoute
La beauté dans la sculpture n’est pas une idée abstraite, inintéressante ou réduisante, absente de la vie, mais elle contient des exigences propres du fait de la matérialité de la sculpture.
Les plans construits, les lignes placées, les profils clairs, définissent la sculpture.
L’incarnation possède la même réalité tri-dimensionnelle.
La beauté ne m’échappera pas si dans les premiers instants de mon geste de sculpteur :
- je la capte
- je l’écoute
- je lui offre le plan qui se sculpte et la ligne à construire.
La sculpture est recherche de beauté
La beauté fait partie de la quête de la sculpture et elle a sa part dans la qualité de celle- ci.
Si ma sculpture est belle, elle est réussie, et si ma sculpture est réussie, c’est qu’elle contient une part de beauté indépendamment du sujet développé.
Je ne la cherche pas en elle même, j’utilise :
- des médiateurs
- des techniques
Une œuvre structurée n’est pas laide.
La sculpture est construite et structurée.
La sculpture est une beauté vivante dans une matière immobile
Admettre la sculpture comme beauté immobile n’est pas une réduction de celle- ci : L’acte d’incarnation qui a lieu dans le processus de sculpture, ne se trouve pas que dans le rôle d’un acteur de cinéma.
Mais alors que le cinéma est basé sur la relation sociale, souvent conflictuelle, entre plusieurs acteurs, la statue exprime sa potentialité dans une autre forme de socialité, de l’ordre de l’individualité…
La beauté de l'œuvre d'art est troublée par la force du sujet
Notre-Dame de Paris une beauté non-esthétique
Couronne surdimensionnée en forme de « couronne d’avent » ; robe en chasuble de chanoine ; lys comme un bougeoir, yeux globuleux, et enfant droit et raide… La statue « Notre Dame de Paris » relève d’une beauté conventionnelle, admise par la force du sujet.
Sculpturalement et en référence à des statues gothiques médiévales, cette statue n’atteint pas leur niveau !
Dans l’article « Sculpture et art sacré» j’étudie la notion de beauté en tension :
Nous nommons « beauté » ce qui est une soumission à la force du sujet : Un sujet religieux contient le «beau» et nous pouvons l’affirmer effectivement.
Mais si je dépouille l’œuvre de ce sujet, elle se réduit souvent artistiquement à peu de chose : l’œuvre devient alors en tension entre la force de la beauté- sujet et la beauté technique ou artistique au sens pur.
Nous croyons que la beauté d’une sculpture provient d’une orchestration, d’une architecture. Le travail est exigeant car au cours de la fabrication, au cours de la sculpture, la matière tend à influencer l’acte.
Mais la sculpture, qui contient en soit différentes formes :
– une main
– un cou
– un drapé recouvrant un corps, ceux- ci ne peuvent en aucun cas être sculptés comme symboles.
Que retenir ?
Il faudrait apprendre ou réapprendre à dépasser la force du sujet représenté, pour apprécier dans un jugement simple le degré de beauté véritable qui en ressort.