La matière est le lieu de ma pensée et elle trouve en cette matière son support.
De cette matière qui est essentiellement la pierre, va s’extraire la sculpture, la statue.
De la matière naît la sculpture
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ToggleCe qui est tension dans la peinture selon Georges Braque peut être dit de la sculpture puisque la matière crée une tension et une résistance de laquelle naît l’œuvre.
La fusion de l'acte et de la matière
L’acte de sculpter trouve une naissance dans une matière.
Ceci se fait ressentir particulièrement dans la pierre.
Résistante, «effrontée» devant le burin, la pierre va affirmer ses propres caractéristiques :
- sa structure
- sa résistance à l’outil selon les déterminations et nomenclatures bien précises.
La statue pourrait ne jamais jaillir de la masse !
Comment la sculpture va t-elle devant une matière « opposante », affirmer elle même :
- ses lois
- son vocabulaire
- sa plastique et son propre esprit ?
Etre elle même, c’est à dire l’œuvre qui doit être et exister, devant ce défi que lui lance la matière ?
Le burin et la technique semblent bien faibles en eux mêmes pour affronter un tel projet !
Même les machines les plus sophistiquées sont incapables en elles mêmes de produire une seule sculpture !
La proportion entre l'enlevé et le restant
Lorsque je sculpte une statue à partir d’un bloc de pierre initial de 1,20 m, représentant 0,1 mètre-cube :
Si chaque coup de burin enlève en moyenne environ 1 cm³ de matière : ce volume enlevé représente 1/100 000 du volume total du bloc.
L'acte de la sculpture
Comment définir l’acte de la sculpture ? que se passe t-il lorsqu’il y a sculpture ?
Je dirais :
– un problème
– une résolution
Le problème pourrait être :
- le manque, dans l’univers des formes, de l’expression d’un sujet ou d’un thème.
La résolution est - la matière, la pierre, peut répondre au manque. C’est à dire au problème, par un acte étudié et volontaire.
Résoudre le problème par une forme particulière de matière ne se simplifie pas par une théorie ou une forme qui reste approximative, comme subjective ! Il n’y a pas ici de réponse au manque qui soit vague.
L'avant de l'acte de sculpter
Par expérience je dis que la naissance de l’œuvre est précédente. Elle naît dans un
- concept cordial
- projet
- ambition
Elle naît dans une pré- image volontaire ou non.
Elle naît dans une « image- concept ».
Elle naît enfin dans un nom qui lui est attribué.
Elle est « déjà là » car la matière est vaincue.
La matière est vaincue d’avance, avant la sculpture palpable ou visible à l’œil.
Un process de création et un seul
Il en va de même dans tout processus de création et création artistique » ; le « système » est le même c’est à dire : 1/ un rien, 2/une charité, 3/un développement constructif (dans le cas de la sculpture il s’agit d’un développement tridimensionnel, 4/un partage ou un « don ».
La matière est au service de l'idée de la sculpture
Que fait la matière sinon de tenir :
- un rôle de participation à la pérennité de l’œuvre
- un rôle de matérialisation de l’idée
Ce rôle second est important.
Il n'y a pas un destin à priori de la matière
La sculpture ne se trouve donc pas préalablement dans la matière, mais elle est un concept précédent qui tient compte de :
- la technique de sculpture connue
- des dimensions de l’œuvre voulue
- de la couleur dominante
- de l’aspect extérieur voulu
La pré-sence selon MichelAnge
Si Michel- Ange percevait déjà la statue dans le marbre initial il faut voir ce que cela signifie réellement. Nous estimons qu’il s’agit d’une parole de l’ordre poétique car il n’y a pas de destin à priori de la matière. Ce qui n’enlève rien à la grande valeur des sculptures de Michel- Ange.
Le concept en impose à la matière
La figure est canon, canon de dimensions assumé. Elle est
- calcul
- réflexion
- conception.
La matière, elle, peut être achetée.
L’œuvre à faire apparaître ne viendra pas de la dépense physique du gestuel qui certes est nécessaire pour aboutir.
La matière est incapable en elle même de fournir une quelconque forme, ligne, harmonie, esprit.
Ainsi toute sculpture née dans un concept, volontaire, cordial.
Il est certain, suffisant, mais pas encore partagé puisque pas encore né au monde.
Ainsi se passe la genèse d’une œuvre.
Aujourd'hui nous ne comprenons pas l'acte sculptant d'un Michel- Ange
Chez l’artiste, nous imaginons une « fougue créatrice » libérée, qui s’émancipe dans sa statue de marbre, comme indépendamment de toute la caractéristique de la matière. Nous ne comprenons pas la « fougue ».
Nous oublions qu’une statue de Michel- Ange, statue de David ou d’un esclave, est d’abord
- préparation
- dessin
- architecture
Les grands sculpteurs de pierre ne travaillent pas en « sculpture directe«
La sculpture est un acte unique dans une matière qui a un coût
Ainsi se passe la création d’une sculpture. Il ne m’est pas permis de rater, d’échouer, par respect pour la matière, pour son coût.
C’est avec cette notion de respect que j’ai progressé et venu à des convictions techniques, regard plus objectif sur la discipline, c’est à dire la sculpture figurative et complémentairement la peinture.
J’en suis venu à me faire une opinion de l’intérieur, en connaissant les difficultés et les enjeux, les risques, les défis du geste, et quel doit en être
- le tracé
- le chemin
- les pistes à suivre et celles à redouter.
Par ces découvertes, je peux avoir un regard plus objectif sur la sculpture contemporaine, de la figuration en peinture, des autres techniques de peinture et de sculpture.
Je connais le rapport à la matière,
- puissant
– redoutable
– exigeant, et la virilité que le travail de cette matière requiert.
La création nécessite l'abandon de l'égoïsme
L’art ne pouvant se passer de vie, l’égoïsme est son plus grand ennemi.
Conclusion
La matière est le lieu particulier où se joue l’affirmation du concept qui veut se faire « partage ».
Ainsi se passe la création d’une sculpture : Il n’est pas permis de rater l’œuvre, par respect pour la matière et pour son coût.