La Vierge à l’enfant dans l’histoire et ses représentations
Le sujet de la Vierge à l’enfant par un Sculpteur
Parcours et évolution des statues
Contenu de la page
ToggleIl a plu à Dieu de dérouler l’histoire à travers elle, la femme… l’Écriture nous renvoie aux origines, à la Genèse, et nous suggère que la Mère avec l’Enfant marque une nouvelle création, un nouveau commencement. Au commencement du temps du salut, il y a donc la sainte Mère de Dieu, notre sainte Mère. »
Pape François (homélie de la solennité du 01 janvier 2024)
Voici les grands traits de l’histoire des différentes représentations de la Vierge en statue avant et après le moyen âge. Bonne visite !
Dieu dit
Que la terre verdisse de verdure…des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et il en fut ainsi…la terre produisit…des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon » (Livre de la Genèse ch.1)
« Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à notre portée ; ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ? » (Livre de la sagesse 1,16)
ACHETER
Catégories de sculptures
Panier
Engagement sur la qualité
La représentation de la Vierge est le sujet pour la peinture et la sculpture
Dans l’histoire, la Vierge sous ses différentes représentations (la Vierge à l’enfant) se diffuse largement dans l’empire byzantin, Occident, sous ces formes :
- Icône
– peinture
- Sculpture
– statues
– reliefs
- Fresque
– mosaïque - Vitrail
La mère et l’enfant
La représentation en « ronde- bosse » (forme tri-tridimensionnelle) d’une Mère et son enfant est née bien des siècles avant l’ « ère mariale ».
Le thème est déjà abondant au néolithique à partir de 8500 avt JC : le patrimoine mondial conserve aussi des statuettes de terre cuite de maternités datant de 3500 ans (Turquie, Chypre) ; 3200 (Syrie, vallée du Jourdain)…
En France, deux lieux conservent des traces de « La Vierge qui doit enfanter » avant notre ère ; il s’agit de la Cathédrale de Chartres, la Basilique de Longpont-sur-Orge (Essonne).
Une image scripturaire pauvre
Les Ecritures ne fournissent pas à titre de modèle, une image pré- esquissée de la « Vierge à l’enfant » comme nous pourrions le trouver dans des images « pré-construites »:
– «Moïse portant les tables de la loi»
– «Samson brandissant la mâchoire d’un âne»
– «Pierre tenant son filet de pêcheur »…
La maternité ou précisemment la « mère portant son enfant » n’est pas présente dans la bible en tant que « figure plastique centrale ». Même si nous avons des matenités célèbres ; Noémie et Obed, Anne et Samuel… c’est vraiment « l’ère christique » ou chrétienne qui a élevé la figure dans un rôle important, capital ou central.
L’histoire de « la présentation de Jésus au temple », n’est pas non- plus à l’origine de la conception des statues dont nous parlons ici.
Il faut voir dans la scène de l »‘Adoration des mages » l’origine de certaines premières représentations (voir ci-dessous).
La Vierge à l’enfant, un geste laïc
La statue est demandée par les grands édifices religieux, églises puis cathédrales à partir du XII ème siècle, mais elle trouve sa forme originelle dans la foi, la piété et l’expression populaire.
Cette piété populaire, devancant le dogme, s’accommode parfois mal des sévères prescriptions dogmatiques ou religieuses. C’est pourquoi certaines statues évoquent plus une mère et son fils. Le geste de l’artiste a besoin de « libération ».
Faites sculpter votre statue par un professionnel
Les différentes Vierges portant l’enfant
La représentation de la « Vierge portant l’enfant » est révélée ou esquissée sous forme d’indices, et elle devrait être associée à un fruit des Ecritures, ou tout simplement être toute l’Ecriture :
- Le prophète Isaïe : (Is. 66,12) : – « Ils te porteront sur la hanche… » – » vous serez allaités, portés sur la hanche »… – « on vous caressera en vous tenant sur les genoux »…
- Le livre des Proverbes (Pr 8,1 / 8,22…) : le « trône de la sagesse »…
- Le livre de l’apocalypse (Ap 12,1 et suiv.) parle de la Vierge sous la forme « assomptionnelle ». C’est le cas aussi à propos de « la petite nuée » chez le prophète Elie. (voir 1 R 19,44)
La Vierge à l’enfant, peinte ou sculptée, a- t-elle trouvé des contradicteurs au culte qui lui est voué ? : L’image précise scripturaire est pauvre.
L’adoration des mages
La scène de « l’adoration des mages » (voir l’Évangile selon Matthieu 2, 1-12) est utilisée fréquemment pour les premières représentations ; fresques, enluminures.
Dans la « bulle d’or byzantine » : Marie est assise, elle porte l’enfant sur ses genoux qui accueille et reçoit les mages et leurs présents. Voir aussi ci-contre le « sacramentaire de Drogon » (IX ème siècle).
La Théotokos inspire la représentation mariale
Personne « charnière » des Ecritures, la Vierge est accompagnée de son Fils (voir les évangiles de Jean 2,1, et 19, 25…, Luc…): Elle concourt à l’histoire du salut.
Le dogme, christique, passe par Marie, et la figuration de Marie est expression théologique pour le peuple chrétien.
La Vierge à l’enfant est «dogme matérialisé» des évangiles, des Ecritures, de l’incarnation.
L’image synthétise la foi des croyants et, comme « Théotokos », sa représentation est une statue binôme.
*(Le titre de Théotokos (mère de Dieu), attribué à la Vierge Marie, apparaît en 325, l’année du premier concile de Nicée, avant celui d’Éphèse, 430- 431).
Une statue binôme pour les premières Vierges
J’ai choisi la Vierge à l’enfant de la catacombe de Priscille (Priscilla), des sous- sols de Rome.
Le christianisme, religion officielle en 311, permet l’utilisation, la création et donc la diffusion d’images associées au culte.
« …c’est à Rome, vers la fin du IV ème siècle que semble avoir été créée une image tant appréciée de l’Occident, celle de la Vierge reine, assise et couronnée… » (Yves Christe, « la grammaire des formes et des styles », off. du livre, 1982)
Voir et consulter :
- la Vierge de la Catacombe de Priscille (Vierge assise, l’enfant sur ses genoux)
- la Madonna della Clemenza (Rome)
- La Vierge du sacramentaire de Drogon…(issue de la représentation de type « adoration des mages »)
- La bulle d’or byzantine «la dame du Turunuelo»…
La paternité des icônes et trois types centraux de représentation
Les peintres ou « écrivains » d’icônes se sont efforcés de représenter « la mère de Dieu », ou d’exprimer le mystère de « la maternité divine » le plus fidèlement possible par ce média.
En icône et en mosaïque, trois types de représentations se développent ; ce sont :
- la Vierge « royale »
- la Vierge « guide »
- la Vierge de « tendresse ».
Voir la Vierge « Panagia (Panayia) angeloktisti » (VI ème siècle) de l’église de Kiti (Chypre).
La représentation de la Vierge suit un parcours riche dans l'histoire
Plusieurs sources nous indiquent de précieux renseignements sur les premières représentations mariales : Les portraits du Fayoum auraient influencé l’icône par exemple. Cette information est fort probable (voir le développement du christianisme dans cette région).
Voici un résumé du parcours « plastique » de la Vierge :
- Portraits du Fayoum
- Icône peinte
- diffusion de l’icône en Orient
- développement volumétrique en Occident
- Vierges debout.
De grands sculpteurs de la Vierge au moyen- âge
Nombreuses sont les statues qui ne sont pas signées. Voici toutefois certains sculpteurs :
Giovanni Pisano – Jean de Liège – André Beauneveu – Claus Sluter – Hans Geiler – Michel Erhart – Hans Leinberger et bien d’autres.
Voir aussi ci-dessus « La Vierge à l’enfant, un geste laïc »
Faites sculpter votre statue par un professionnel
La Vierge est la figure centrale de l'art en Europe
L’art carolingien ne marque pas le travail plastique
Quelques traces de représentations mariales sont existantes en Occident dans des enluminures : Livres liturgiques, sacramentaire de Drogon… qui contiennent plusieurs figures de Marie portant l’enfant dans le type « adoration des mages ».
Toutefois l’art carolingien qui s’étend jusque l’an 900, ne développe pas la statue ni l’aspect tridimensionnel de la forme.
La figure de Marie se développe comme figure centrale dans l’histoire qu’à partir des statues romanes, ce qui représente une avancée considérable, une révolution conceptuelle.
L'image plastique de la vierge se diffuse en Europe
Les représentations narratives, symboliques, sont inspirées des évangiles ou d’écrits apocryphes.
- L’icône restera la principale représentation pour les églises d’Orient, et dans l’art catholique la priorité est donnée à la statue.
Le sujet de la Vierge est plus largement exprimé et développé sous cette forme majoritairement aux autres confessions chrétiennes : - Un art protestant dépourvu de statues ; Le protestantisme s’est défendu de trop grandes représentations ou figurations des saints ou de la Vierge- Marie.
- Les églises orthodoxes privilégient l’icône (du grec εικόνα eikona) peinte, ou « écrite ».
C’est sous cette forme, immuablement frontale ou légèrement tournée vers la droite, qu’est représentée « plastiquement » la Vierge ou plutôt « la Vierge à l’enfant ».
Consultez
Les statues de Marie abondent au "Moyen Age"
Développée en Europe de l’Ouest, les arts se sont assimilé le sujet de « Marie » et la discipline de la sculpture a contribué à la diffusion d’une quantité de statues.
La représentation mariale, plastique, continue sa route malgré les tribulations historiques des différentes époques qu’elle traverse, et la popularité des arts profanes.
La Vierge royale
La Vierge « royale » (Marie est représentée en entier dans l’iconographie) est le type le plus rapprochant de la « Vierge romane » qui se développe en Occident.
La Vierge romane et son opportunité
L'expérience du sculpteur en la matière
La Vierge romane fascine :
- hiératique
- au regard fixé, profond et lointain
- les mains impressionnantes de taille
- l’enfant Jésus plus qu’adulte…il est « parole » incontournable, peut être est- il le vieillard du livre de l’Apocalypse.
Le sculpteur a su utiliser le point sculpturalement important :
– la symétrie.
La symétrie fascine. Elle n’a rien de naturel. Elle concentre et attire le regard. Elle peut avoir un effet « magique » !
Quand la statue domine l’art
En Orient comme en Occident la Vierge tient une large part :
La «théotokos» inspire la création iconographique en Orient qui s’attache à la représentation « en buste », tandis qu’en Occident c’est la Vierge entière, «la reine- Vierge», « Marie- reine », qui s’impose, et en statue.
Des Vierges sont sculptées, transportables (les objets « somptuaires »).
Des foyers de statues mariales sur des routes
Certains types de Vierges se retrouvent :
- Le long des chemins de Saint Jacques de Compostelle ; on a observé une cohérence de styles (par exemple certaines « Vierges noires »)
- Auprès des grandes villes ; la statue de Marie est très prisée, et demandée dans les édifices religieux dès lors consacrés à « Notre Dame ».
- Des statues de Vierges de dimensions modestes, ont été moulées, puis reproduites en pierre reconstituée ou en terre cuite. Il subsiste des moules conservés de ces statues.
De majestueux types de drapés reflétent l'histoire
Le drapé de la Vierge est sculptural
Consultez la « Vierge d’Autun » dite aussi « Vierge Bulliot »
Continuez
Le sommet de la sculpture est atteint
L'expérience du sculpteur en la matière
Le drapé de la Vierge est très développé à partir du XIV ème siècle. Les sculpteurs en ont bien défini l’enjeu « plastique » . Ce sont les meilleurs !
Conclusion
La Vierge en statue, très diffusée en Europe de l’Ouest (Occident) est le témoignage de la vitalité humaine à l’appréhension tridimensionnelle.
La « Vierge à l’enfant » ne reste pas un « concept abstrait », une « figuration lue », imaginaire, ou plate sous forme de peinture ou d’icône ; elle participe à l’ingéniosité et au besoin humain de posséder sous forme tridimensionnelle, des supports à la dévotion, à la piété laïque ou à la foi, qui ont laissé de nombreuses traces dans l’art et dans l’histoire.
Parcours de types
La statue Notre- Dame de Beauregard
La Vierge « Notre- Dame de beauregard » est du « style gothique » à Orgon (Bouches du Rhône, France).
Martin Damay a reproduit cette statue en pierre, en 2019.
Description de la Vierge à l'enfant
Vêtue d’un voile et d’un manteau, les plis des drapés sont abondants et typiques de cette période (à partir du XIV -ème siècle).
L’Enfant qu’elle soutient sur son bras gauche est jovial. Il porte une tunique qui laisse voir ses orteils nus.
Tenant la main droite sous le menton de sa mère (comparer par exemple avec La Vierge de Vandenesse en Auxois) il tient une sphère dans la main gauche.
Située à Orgon (13067) la statue d’origine, en bois, a sans aucun doute bénéficié dans sa plastique du rayonnement du palais des papes d’Avignon.
La vidéo
La Vierge d’Aleaume
La Vierge dite « d’Aleaume », nous est conservée par un dessin du milieu du Xème siècle qui représente Marie et son enfant…
Page suivante
- La Vierge d’Aleaume
- La France et l’Europe et de grands foyers d’image mariale dans l’histoire (suite)
- La Vierge noire et ses significations
- Statues au XIV ème siècle
- Une statue et des études
- Un artiste contemporain crée la Vierge